Rencontre entre ma famille et ma compagne du moment. Comment éviter le désastre ?

J’ai revu une fois de plus ma chère Michèle ce week-end.

Cela se passe de mieux en mieux entre nous, et je sens une réelle complicité, notamment lorsque nous échangeons nos fluides corporels. Par ailleurs, elle est comme moi férue de bonne musique française, et elle envisage d’adhérer très prochainement à un grand parti centriste, pour tenter d’endiguer le clivage gauche-droite et défendre les valeurs chrétiennes qui sont les fondements de notre République.

Pour résumer, nous vivons une relation réellement fusionnelle, alliant plaisirs de la chair, discussions philosophiques passionnées sur la marche du monde et échanges culturels de haute volée.

Je me répète sans doute, et je suis sûr que ça va finir par vous péter les roubignoles, mais je crois sincèrement que je suis amoureux d'elle. Je ne pense qu'à Michèle, je rêve Michèle, je bois Michèle, je mange Michèle (plus exactement, je me délecte, de temps à autres, de sa vulve charnue). Quand il faut que l'on se sépare, c'est chaque fois une tragédie, et je ressens toujours le besoin de me masturber avec frénésie dès qu'elle passe le pas de la porte. Je fais cela sans plaisir et sans joie, mais comme une espèce de besoin physiologique lié à l’éloignement de ma belle.

Toujours est-il que les sentiments que je lui voue semblent être réciproques, car la demoiselle m'a fait part de son désir de rencontrer ma famille. Je considère cela comme une preuve importante d’engagement, qui en dit long sur son envie de faire un petit bout de chemin avec moi. Rencontrer les parents de l’être aimé, cela signifie beaucoup, et ouvre les voies de l’accomplissement parfait d’un couple. Lorsque l’on est présenté aux grands-parents, il s’agit d’un signe encore plus fort, qui reflète souvent l’imminence du mariage.

L'idée de présenter Michèle à mes géniteurs m’a en premier lieu enchanté, car je voyais cela comme un bon moyen de prouver à mon père que je ne suis pas une « tapette ». Cependant, après mûre réflexion, j'ai peur qu'une rencontre prématurée avec ma famille ne l'effraie.

Maman, en éternelle bavarde, risque de la saouler avec ses recettes alsaciennes et sa conception pour le moins rétrograde de l'utilité de la femme au logis. Je dois vous avouer – si je ne l’ai déjà fait – que ma mère n’a jamais travaillé de sa vie et que, aussi loin que je puisse me rappeler, son unique fonction et utilité sociale a toujours été de veiller à la bonne tenue de la maison et de vaquer aux tâches ménagères, c’est-à-dire essentiellement faire la cuisine pour papa, faire la vaisselle de papa, décaper les slips sales de papa, et nettoyer la cuvette des water-closets après les passages bruyants de papa.

Vous comprendrez donc qu’une rencontre prochaine entre Michèle et maman pourrait m’être préjudiciable, car elle pourrait faire naître des doutes dans l’esprit de ma douce, qui verrait d’un sale œil le fait que son amant ait grandi sous la coupe d’une mère soumise et légèrement dégénérée.

Quant à papa, j'ai peur qu'il passe son repas à reluquer ses seins, voire qu'il tente une approche un peu lourdingue en lui caressant la cuisse. Mon père est certes plus proche du caveau de famille que de son adolescence révolue, mais il garde néanmoins un penchant immodéré pour les croupes féminines, toutes tranches d’âge confondues. Il avoue parfois lui-même qu’il se farcirait bien « un petit cul juvénile », et il regrette souvent que le droit de cuissage ait été aboli dans l’armée française. Présenter Michèle à ce connard me semble donc être un réel danger.

Enfin, je ne suis pas certain que ma douce apprécierait la décoration du pavillon familial. J'imagine aisément que l'idée de manger à côté d'un buffet sur lequel trône un portrait encadré du général Massu ne doit pas trop vous faire « bander », comme disent les jeunes de nos jours...

Au final, je me dis qu'il vaudrait mieux différer les présentations familiales, mais je ne sais comment lui justifier ma décision.

Dois-je jouer la carte de la franchise, quitte à grossir le trait en présentant mes parents comme un couple d’anciens criminels nazis, ou faut-il que j’invoque des excuses fallacieuses, en expliquant que maman est affectée par un virus contagieux qui lui interdit toute visite ?