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Le petit monde de Stephanus
1 mars 2013

Violente agression de la part d’un félin. Comment puis-je obtenir réparation du préjudice ?

Je vous avais parlé, il y a quelques temps, d’un profond désir de paternité qui m’avait étreint au détour d’une balade sur une plage finistérienne. Cela m’a repris ce week-end, alors que je passais devant le bac à sable d’un parc public renommé de la capitale sarthoise.

À la vue de tous ces bambins, j’ai de nouveau senti monter en moi l’envie d’élever un enfant, de le bichonner et de le protéger, comme un petit yorkshire que l’on peigne et que l’on soigne avec affection.

Le fait que je ressente cela pour la seconde fois en quelques mois constitue, à mon sens, une alerte que me lance désespérément mon corps, tentant d’attirer mon attention sur le fait que mon horloge biologique tourne et que j’atteindrai bientôt un âge critique où mon liquide séminal ne sera plus d’aussi bonne qualité, car vous n’êtes pas sans savoir que le pouvoir fécondateur du précieux breuvage diminue avec le temps (veuillez me pardonner pour l’emploi du mot « breuvage », mais il paraît que certaines femmes particulièrement délurées aiment se délecter de ce que nous appellerons trivialement le « jus de pine », pour emprunter le vocabulaire imagé de mes neveux).

Bref, je sais qu’il me faudra procréer avant que mes bourses ne commencent à se flétrir, se dessécher, puis se ratatiner. Et même si je n’ai pas encore trouvé la mère de mes futurs enfants, je me pose déjà des questions sur mes capacités à assumer un rôle de père et j’ai beaucoup d’appréhension par rapport à certaines tâches, à commencer par le changement des couches.

Je ne connais pas précisément la fréquence de défécation d’un nourrisson, mais j’imagine qu’en moyenne, ces petites bêtes doivent nous pondre quotidiennement une bonne demi-douzaine d’étrons d’environ cent grammes pièce, soit à la fin de journée l’équivalent – en poids – d’une boîte surgelée de hachis Parmentier pour trois personnes (non compris la barquette métallique).

Si nous n’étions pas en ce début de troisième millénaire, il serait naturel de considérer que la corvée de couches incombe à la mère de l’enfant. Certains seront choqués par cette affirmation, et pourtant il n’y a rien de plus logique, lorsque l’on analyse le problème à la racine : si l’enfant expulse autant de matière fécale, c’est qu’on lui donne à manger à profusion, voire à l’excès. Et d’après une récente étude parue dans le magazine Biba, il semblerait que plus de la moitié des femmes allaitent leur enfant. En d’autres termes, ce qui sort du sein de madame se retrouvera quelques heures plus tard expulsé du rectum de bébé. La démonstration est imparable : ce sont bien majoritairement les femmes qui sont responsables du souillage des couches, et il serait donc fort logique qu’elles s’acquittent elles-mêmes du changement de ces dernières. Mais il paraît qu’il faut « vivre avec son temps », et accepter le « partage des tâches », au nom d’une – prétendue – « égalité des sexes » érigée en dogme indémontable, qui nous fera bientôt dériver vers un monde où les hommes exerceront le métier de soubrette (au risque de perdre toute virilité), et où les femmes émettront le souhait de monter des murs en parpaings (au risque de se briser un ongle).

Mettant mes convictions de côté, et en vertu de ces nouvelles normes sociétales, je suis prêt à faire quelques concessions, et à accepter de changer les langes de mes futurs enfants une à deux fois par semaine.

Toutefois, il me semble que cette tâche demande à la foi dextérité, patience, et une certaine maîtrise de soi (sans oublier le port du pince-nez).

Afin de m’initier à ce périlleux exercice, et en l’absence d’enfant sur lequel m’entraîner, l’idée m’est venue d’utiliser le chat de ma voisine comme cobaye. Ce félidé envahissant ayant pris la fâcheuse habitude de venir lézarder sur mon balcon depuis quelques semaines, je n’ai eu aucun mal à le faire pénétrer dans mon appartement, l’attirant à moi grâce à une boîte de pâté Hénaff. Une fois l’animal entré dans la salle de séjour, je l’ai saisi puis plaqué sur le canapé en position dorsale, avec la ferme intention de le vêtir d’une couche après lui avoir débarbouillé l’anus.

Malheureusement, je n’avais pas prévu que Croquette serait aussi peu docile, et à peine avais-je commencé à langer la foutue bestiole qu’elle me décrochait un formidable uppercut de la patte droite, ses griffes acérées venant meurtrir mon visage. Surpris et endolori, j’ai eu un mouvement de recul, et cette saloperie de chat en a profité pour quitter les lieux prestement.

Je suis donc à moitié défiguré, trois énormes égratignures linéaires et parallèles ornant mon appendice nasal, qui n’avait pas besoin de cela pour que les enfants me jettent des pierres.

Je tiens la voisine pour responsable de ce préjudice esthétique, car comme le stipule l’article 1385 du code civil, « le propriétaire d'un animal, ou celui qui s'en sert pendant qu'il est à son usage, est responsable du dommage que l'animal a causé, soit que l'animal fût sous sa garde, soit qu'il fût égaré ou échappé ».

Sur le fondement de cet article, quelle juridiction faudrait-il que je saisisse pour espérer un quelconque dédommagement ?

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Le petit monde de Stephanus
  • Stephanus, le chaînon manquant entre Guy des Cars et Chimène Badi. Stephanus, ça se lit comme un bon Marc Lévy. Stephanus, c'est bon comme du bon pain, c'est plus authentique qu'un film de Guillaume Canet, et plus parfumé que la foune de Nadine Morano.
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