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Le petit monde de Stephanus
13 novembre 2013

Travaux de carrosserie. Où puis-je me renseigner pour avoir des fourchettes de prix ?

Je devais me rendre le week-end dernier à un repas auquel étaient conviés tous les membres de ma famille, exception faite de mon jeune frère qui n’est pas en odeur de sainteté chez mes géniteurs depuis de nombreuses années.

J’étais profondément nerveux à l’idée de me rendre à ce déjeuner, étant donné les dénouements tantôt tragiques, tantôt grotesques, qui avaient caractérisé les dernières réunions de ce type. Mais je ne pouvais rater ce rendez-vous, puisqu’il s’agissait de fêter la grossesse de ma sœur cadette, avec laquelle j’ai toujours entretenu des rapports cordiaux et complices, bien qu’elle fût réticente – lorsque nous étions encore enfants – à me montrer sa vulve.

Comme je vous l’avais expliqué, je souhaitais offrir à mon père un uniforme militaire, pour lui témoigner mon soutien dans son combat difficile contre la maladie qui lui ronge une partie du tube digestif, et qui perturbe considérablement son transit, au point qu’il a été dans l’obligation de procéder à une colostomie, également appelée « trou de balle artificiel ». Je vous passe les détails peu ragoûtants afférents à cette opération et à la poche de chiasse qui orne la ceinture de sa robe de chambre, mais il faut savoir que papa souffre beaucoup, et je pensais donc qu’un cadeau émanant de son fiston serait de nature à apaiser sa douleur.

Pour autant, je m’y suis pris trop tard, et trouver un uniforme nazi en si peu de temps a donc été mission impossible. J’ai tenté le tout pour le tout, en essayant de joindre la section locale du Front National (FN), mais le numéro que l’on m’avait donné n’était plus attribué. Sur la « toile », j’ai été mis en relation avec un certain « Rudolph 88 » (très certainement originaire des Vosges compte tenu de son pseudonyme), qui affirmait pouvoir me trouver ça sous quinze jours, mais j’ai décliné l’offre en lui faisant part de mes impératifs de délais. Quant aux brocanteurs de l’agglomération du Mans (72), ils ont semblé à chaque fois interloqués quand je leur ai fait part de ma demande. Toutefois, en furetant dans une petite boutique du centre-ville, j’ai déniché un magnifique casque à pointe allemand datant de la première guerre mondiale, que je me suis empressé d’acquérir contre quelques billets de dix euros.

Arrivé chez mes parents samedi en fin de matinée, j’ai pénétré dans le vestibule puis dans le salon du pavillon, duquel s’échappait un fumet subtil à mi-chemin entre le parfum d’une choucroute bien poivrée et l’odeur des water-closets d’un hôpital gériatrique. Tous les convives étaient déjà installés dans les fauteuils, sirotant, qui une petite Suze, qui un apéritif anisé, qui un jus d’orange, qui un vin de noix.

Mon arrivée a été accueillie par un grand silence que j’ai rompu rapidement en saluant tout le monde et en congratulant ma sœur pour l’heureux évènement. Fait surprenant : j’ai eu droit à une poignée de main de la part de mon père, qui avait refusé ces derniers mois tout contact physique avec ma personne. En revanche, j’ai dû supporter l’espièglerie de mes neveux, qui n’ont pas dérogé à leur finesse habituelle. Alors que je me penchais vers l’aîné pour lui faire la bise, celui-ci m’a donné un coup de genou dans la cuisse droite, tandis que le cadet s’amusait à me coller dans les cheveux des déjections fraîchement extirpées de ses narines.

Afin de passer à autre chose, j’ai immédiatement tendu à papa le paquet que je tenais sous le bras, mais Anne-Christine a cru que le présent lui était destiné, et l’a donc intercepté puis ouvert avec impatience, découvrant le casque boche enveloppé dans du papier crépon kaki. Très embarrassé, je n’ai pas eu le courage de lui indiquer qu’il y avait méprise, et je n’ai donc rien dit lorsqu’elle a placé le casque sur sa tête. Par politesse, elle ne l’a pas reposé, et a donc passé l’intégralité du repas avec ce couvre-chef.

Lorsque est venu le moment de nous quitter après un après-midi ponctué d’interventions ironiques de mon père, qui avait pour l’occasion rebaptisé ma sœur « Gertrud » eu égard à la coiffe qui ornait son crâne, cette dernière a pris congé de mes parents et, accompagnée de son mari Marc, a rejoint leur voiture qui était garée dans la cour. Ne souhaitant toujours pas se séparer de son cadeau, sans doute par peur de me vexer, cette conne d’Anne-Christine a cru bon de rentrer dans le véhicule ainsi coiffée. Après s’être assise puis redressée, la pointe du casque est venue percer le toit, maintenant ma sœur en une position dont elle ne pouvait se défaire, coincée entre le siège et la tôle. Nous avons donc été dans l’obligation d’appeler les pompiers qui ont utilisé une scie à métaux pour désincarcérer Anne-Christine, tout en tentant de réprimer leur hilarité.

Après ces émotions, je me suis fait vertement sermonner par mon beau-frère, lequel m’a indiqué au passage qu’il m’enverrait la facture du carrossier, dont j’ai bien peur qu’elle soit salée.

Pour anticiper cette dépense, où puis-je trouver des informations concernant le coût de remplacement du toit d’un monospace ?

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Le petit monde de Stephanus
  • Stephanus, le chaînon manquant entre Guy des Cars et Chimène Badi. Stephanus, ça se lit comme un bon Marc Lévy. Stephanus, c'est bon comme du bon pain, c'est plus authentique qu'un film de Guillaume Canet, et plus parfumé que la foune de Nadine Morano.
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