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Le petit monde de Stephanus
2 mars 2014

Échec lors de ma première tentative de sauvetage. Est-il nécessaire de persévérer ?

Je reviens vers vous concernant cette histoire d’esclavagisme infantile qui hantait ma conscience depuis plusieurs jours, après la découverte d’un enfant emprisonné dans un placard chez mes propriétaires.

Je m’étais finalement résolu, la mort dans l’âme, à ne pas livrer ces infâmes bourreaux à la police. J’étais bien conscient qu’en agissant de la sorte, je pourrais être un jour inculpé pour non-assistance à personne en danger, mais c’est un risque que je préférais courir pour ne pas que mes relations avec mes propriétaires ne se tendent davantage.

Je m’étais en effet laissé dire que Monsieur et Madame M. avaient compris, à leur grande déception, que je n’étais pas attiré par leur progéniture et que je n’avais aucunement l’intention de l’honorer par quelque orifice que ce soit (notamment le plus sale). Alors qu’ils voyaient en moi le gendre idéal qui pouvait les débarrasser d’une fille laide dont la vulve sent le poisson séché, ils doivent dorénavant se rendre à l’évidence, puisque je n’ai saisi aucune des perches qu’ils m’ont tendues et qui visaient à favoriser un accouplement entre moi et ce monstre.

J’imagine donc que Monsieur M., qui semble avoir un caractère bien trempé – à en juger par les photographies de Bruno Gollnisch qui ornent le dessus de sa cheminée – a très mal pris mon refus implicite de donner suite aux avances de la donzelle. Je jugeais donc qu’il n’était pas opportun, à l’heure actuelle, de crisper encore plus la situation en les poussant dans les bras de la Justice, qui se montrerait intransigeante en pareilles circonstances.

Je confortais mon point de vue en considérant qu’après tout, les Asiatiques sont déjà très nombreux sur notre planète, et que la disparition d’un enfant coréen était sans doute passée inaperçue. Pour pousser mon raisonnement jusqu’au bout, je suis allé jusqu’à convenir que mourir de faim dans les steppes de l’Himalaya était somme toute un sort moins enviable que d’être logé dans une armoire sarthoise, tout en étant à la fois nourri et blanchi. Car, outre que le petit bénéficie d’un gîte (certes étroit, mais je pense qu’il faut ramener cela à la taille du gamin), et d’un couvert (riz basmati à profusion), j’ai omis de préciser que le slip qu’il portait était impeccable, ce qui laisse entendre que Madame M. utilise une lessive efficace et de qualité, de type Vizir (et sa Vizirette).

J’en étais là de mes réflexions sur le sort du petiot, lorsque j’ai eu le malheur d’ouvrir Le Lotus Bleu, magnifique album d’Hergé qui nous narre les aventures d’un petit reporter bien connu. Depuis quelques jours, j’ai entrepris de lire les grands classiques de la bande-dessinée, et après m’être délecté de Tintin au Congo, j’avais prévu de me lancer dans la découverte des aventures de Tintin en Thaïlande. Et je dois vous avouer que la lecture de cette bande-dessinée m’a complètement bouleversé. En effet, à environ la moitié de l’album, Tintin va faire une rencontre qui aura énormément d’influence pour la suite de sa vie. Je vous décris succinctement la scène : longeant une rivière gonflée par les pluies torrentielles qui se sont abattues sur Tokyo les jours précédents, notre sympathique héros à la houppe découvre avec effroi qu’un jeune Chinois est en train de s’y noyer. N’écoutant que son cœur et son courage, Tintin plonge alors dans les eaux en furie pour sauver le garçonnet, dont on apprendra qu’il répond au nom de Tchang, et qui aura plus tard l’occasion de lui sauver la vie à plusieurs reprises.

C’est avec énormément de tendresse et d’émotion que j’ai lu cette aventure du petit journaliste au pays des bridés, et pour tout vous avouer, j’ai immédiatement considéré cela comme un message qui m’était envoyé.

Par le biais de cette lecture qui n’avait rien d’une coïncidence, quelque puissance céleste a très certainement voulu me signifier qu’il était de mon devoir de sauver le petit Asiatique, et que cela me serait rendu au centuple.

Tel un Tintin des temps modernes, je me suis donc rendu chez mes propriétaires, avec la ferme intention de délivrer mon Tchang.

Lorsque je suis arrivé chez eux en milieu d’après-midi, la porte était close et aucune voiture n’était stationnée dans la cour, ce qui semblait indiquer que la maison était vide. À l’aide d’une pierre trouvée en pied de façade, j’ai brisé une vitre du salon, dans le but d’avoir accès à l’espagnolette qui m’ouvrirait la fenêtre. Mais je ne portais pas de gants, et un éclat de verre est venu m’entailler profondément la main droite, provoquant un écoulement abondant de sang pourpre et épais. Me rappelant alors que je n’avais pas fait mon vaccin antitétanique depuis de nombreuses années, j’ai immédiatement foncé chez mon médecin traitant, laissant ainsi tomber la mission divine qui m’avait été confiée.

Après cette première tentative infructueuse et douloureuse, faut-il que j’essaie de nouveau de sauver le petiot, quitte à mettre ce dossier entre les mains de la police nationale en envoyant une lettre de dénonciation anonyme au commissariat de mon quartier ?

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Commentaires
S
Non mais par contre, cette petite catin en a légion autour de ce que nous appellerons trivialement l'anus (plus communément désigné sous l'obscure - c'est le cas(ca) de le dire - dénomination de "trou de balle (des fesses)")
G
Cher patient,<br /> <br /> <br /> <br /> Effectivement, une auscultation minutieuse s'impose. Je vais vous orienter vers un des mes savants confrères, car un tel cas dépasse à mon avis mes compétences. Je crains une gangrène de Fournier.<br /> <br /> <br /> <br /> Votre partenaire attitré(e) est-il (elle) porteur (se) de ces même furoncles au niveau de la région buccale?<br /> <br /> <br /> <br /> Bisous.<br /> <br /> <br /> <br /> Dr Grololo
S
Ma chère grololo (vous permettez que je vous appelle grololo ?),<br /> <br /> Je vous remercie pour vos précieuses informations. J'ai effectivement soigné ma plaie. Par contre, depuis quelques jours, j'ai des bubons violets sur la teube. Pourriez-vous venir ausculter l'organe susmentionné, afin de me renseigner quant à la pathologie purulente qui l'affecte ? Je vous en remercie par avance.<br /> <br /> Votre dévoué Stephanus.
G
Le tétanos est une pathologie infectieuse causée par la bactérie Clostridium tetanii et peut vous conduire jusqu'aux soins intensifs : vous avez sauvé votre (vilaine?) peau mon vieux! <br /> <br /> <br /> <br /> Signé: La microbiologiste masquée.<br /> <br /> <br /> <br /> Bisous.
Le petit monde de Stephanus
  • Stephanus, le chaînon manquant entre Guy des Cars et Chimène Badi. Stephanus, ça se lit comme un bon Marc Lévy. Stephanus, c'est bon comme du bon pain, c'est plus authentique qu'un film de Guillaume Canet, et plus parfumé que la foune de Nadine Morano.
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