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Le petit monde de Stephanus
7 septembre 2014

Recherche spécialiste en tuyauterie. Puis-je trouver mon bonheur dans l’annuaire ?

Comme vous le savez, après avoir involontairement laissé mon père au soleil le week-end dernier, nous avons bien cru qu’il avait attrapé – passez-moi l’expression – « une putain d’insolation de sa race ».

Il n’était toujours pas au mieux de sa forme hier midi, et ma mère a donc essayé de savoir plus précisément ce qui le faisait souffrir. À plusieurs reprises, mon père aurait montré du doigt la poche qui orne le côté gauche de sa robe de chambre, et maman a compris que le problème venait de son anus artificiel. Après avoir inspecté le dispositif elle a constaté que, sous les effets conjugués de l’onde de chaleur et du rayonnement solaire, la matière fécale présente à l’embouchure du tube digestif de fortune avait séché. En d’autres termes, ce que mes neveux ont coutume d’appeler « le fion en plastoc de papi » était bouché, engendrant une constipation bien incommode pour mon pauvre père.

Saisie de panique, ma mère n’a pas eu la présence d’esprit de contacter le service des urgences de l’hôpital, et elle m’a donc instinctivement appelé à la rescousse en me passant un coup de téléphone.

J’étais alors en réunion avec mon chef de service et mon directeur financier, occupés à discuter de la croupe magnifique de la nouvelle stagiaire. Je me sentais donc bien mal à l’aise pour répondre aux questions de maman, car évoquer les problèmes digestifs de mon père en présence de mes supérieurs hiérarchiques me semblait un exercice périlleux. Afin de brouiller les pistes, j’ai opté pour la métaphore plombière tout au long de la discussion, conseillant à ma mère d’aller « faire récurer le tuyau par un spécialiste ». Mais à l’autre bout du fil, maman était complètement hystérique et me suppliait de venir pour régler le problème. J’ai été dans l’obligation de couper court à la conversation, afin de pouvoir terminer ma réunion en toute sérénité.

En milieu d’après-midi, j’ai appelé chacune de mes sœurs à plusieurs reprises car il me semblait plus logique qu’elles s’occupassent du problème, compte tenu de leur proximité géographique, mais comme par hasard, je n’ai jamais réussi à joindre ces deux petites putains.

En fin de journée, j’ai donc dû me résoudre à parcourir les cent quarante kilomètres qui séparent Le Mans (72) de Rennes (35), considérant que je ne pouvais raisonnablement pas laisser mon père dans cet état et que mon empotée de mère n’avait plus les capacités de discernement nécessaire pour confier son mari au corps médical. J’ai pris la route vers dix-neuf heures, calculant mentalement le prix qu’allait me coûter ce trajet, et pestant d’être contraint de rater une fois de plus un épisode de Julie Lescaut (je dois vous confesser que je trouve Véronique Genest particulièrement bien bâtie, et qu’il m’est arrivé à plusieurs reprises de me masser le sexe en regardant la publicité qu’elle faisait à l’époque pour le jambon Madrange, dont elle s’enfournait une épaisse tranche bien au fond du gosier).

La perspective de rater cette soirée-télé ne m’enchantait guère, mais je me suis consolé en me disant que ce geste me ferait remonter dans l’estime de papa, lequel ne manquerait certainement pas de revoir le mode de partage de son héritage qui s’annonce plutôt rondelet.

Au cours du trajet, je réfléchissais à la meilleure manière de traiter ce casse-tête rectal, et j’en suis arrivé à la conclusion qu’ouvrir la poche et gratter l’amas de merde séchée avec un tournevis était la meilleure solution.

À peine arrivé sur place, je me suis mis à exécution, à l’aide d’un petit cruciforme, mais le caillot était tellement dur que la tige s’est cassée en deux.

J’étais en train de me creuser les méninges pour trouver une technique alternative, et c’est alors que j’ai eu une idée lumineuse, me remémorant le stratagème dont j’avais usé l’après-midi même en ayant subtilement recours au champ lexical de la tuyauterie dans le cadre de ma discussion avec maman. La solution m’est apparue comme naturelle et coulant de source (contrairement au cul pourri de papa) : il suffisait de faire avaler au pauvre bougre quelques gobelets de Destop, et le bouchon finirait par se dissoudre. Ma mère qui – telle une fosse – semblait initialement sceptique, arguant qu’il n’était pas conseillé de faire boire ce produit à un vieillard souffrant d’un cancer du côlon, a fini par se ranger à mon avis.

Papa en revanche, restait très réticent, et il a fallu que je le sangle énergiquement, avant de lui introduire un entonnoir dans le gosier pour y faire couler quelques décilitres du produit miracle. Finalement l’effet escompté n’a pas eu lieu puisque, au lieu d’ingérer le liquide, papa l’a proprement expulsé par le biais de quelques jets de vomi qui sont venus souiller le tablier à fleurs de maman.

Après plusieurs vaines tentatives, l’anus artificiel est donc toujours inopérant et papa, qui a un appétit d’ogre, continue de se remplir sans pouvoir se vider.

Pour résoudre cette situation, où puis-je trouver les coordonnées d’un bon gastro-entérologue – ou à défaut, un plombier-chauffagiste de confiance – sur la région de Rennes (35) ?

 

 

 

 

 

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Le petit monde de Stephanus
  • Stephanus, le chaînon manquant entre Guy des Cars et Chimène Badi. Stephanus, ça se lit comme un bon Marc Lévy. Stephanus, c'est bon comme du bon pain, c'est plus authentique qu'un film de Guillaume Canet, et plus parfumé que la foune de Nadine Morano.
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