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Le petit monde de Stephanus
2 décembre 2011

Opération sauvetage de ma carrière professionnelle. Jusqu’où est-il permis d’aller ?

La semaine commence mal. Après la mort suspecte de mon chien, me voilà accusé de harcèlement sexuel sur mon lieu de travail !

Comme vous devez vous en douter, il s'agit là de pure calomnie, d'accusations mensongères et douteuses, et j'irais même jusqu'à dire que cela constitue une machination visant à m'abattre professionnellement, mon ascension fulgurante au sein de la société étant de nature à faire pâlir de jalousie n'importe lequel de mes collègues.

Trêve de bla-bla, venons-en aux faits : la plaignante est une petite traînée du deuxième étage, que j'avais remarquée la semaine dernière en sortant du restaurant d'entreprise. Ses nattes blondes qui tombaient sur son chemisier généreusement décolleté avaient éveillé le fauve qui sommeille en moi, et je m'étais mis en tête de séduire la jouvencelle en moins de temps qu'il n'en faut pour le dire. M'étant renseigné sur l'identité et le parcours professionnel de la petite, j'ai appris qu'elle se prénommait Annie, et qu'elle était sous l'autorité hiérarchique directe de mon chef de service, dont je suis désormais le bras droit pour tout ce qui concerne la politique ressources humaines (RH).

J'étais donc en position de force.

Afin de l'aborder dans de bonnes conditions, j'ai cueilli la petiote à la sortie des sanitaires la semaine dernière, en lui expliquant que j'avais entendu beaucoup de bien quant au travail qu'elle fournissait pour la société. Dans un premier temps, ces éloges l'ont flattée. Nous avons donc poursuivi la discussion dans mon bureau, et j'ai fini par lui dire qu'elle pourrait très vite progresser dans la boîte si elle était prête à quelques concessions. Elle a plutôt mal pris cette proposition (qu'il fallait, à mon avis, plutôt considérer comme un conseil), et est sortie de mon bureau en prétextant qu'elle n'était pas – je cite – « une grosse pute ».

Hier matin, de retour de week-end, j'ai eu la désagréable surprise de recevoir une lettre en recommandé avec accusé de réception, m’indiquant que j’étais convoqué par la direction de mon entreprise, le courrier précisant qu’une mise à pied était envisagée à mon encontre suite à une plainte pour harcèlement sexuel.

Je me suis donc rendu au rendez-vous, fébrile, craignant le pire, mais en ayant préparé ma stratégie de défense.

À ma grande surprise, mon Directeur des Ressources Humaines (DRH) a été très courtois et compréhensif à mon égard, écoutant avec attention ma version des faits. À l’issue de mon long monologue, il m’a indiqué qu’il était disposé à me proposer un marché afin de m'éviter toute sanction. Pour résumer, il m'a dit qu'il passerait l'éponge si je rendais un petit service à la direction.

Le problème est que ce « service » n'est pas quelque chose d'anodin, puisqu'il s'agit de mettre hors d'état de nuire un syndicaliste de ma boîte. La direction souhaiterait que ce salarié soit en arrêt maladie jusqu'à mi-janvier, afin qu'il ne puisse pas participer aux négociations annuelles sur les salaires.

Connaissant un ami qui travaille comme brancardier dans une clinique réputée de Rennes (35), j'ai proposé à mon Directeur des Ressources Humaines (DRH) de me procurer auprès de cette connaissance un échantillon de morve porteuse du virus de la grippe, puis de l’inoculer au syndicaliste avec la complicité éventuelle du chef cuistot de la cantine. Toutefois, il a semblé sceptique face à cette solution, en m'expliquant qu'il valait mieux assurer un arrêt maladie d’une durée plus conséquente, et qu'il conviendrait pour cela que le salarié soit victime d’une double fracture tibia-péroné. Il m'a donc suggéré de le pousser dans l'escalier ce qui sera, il est vrai, chose aisée, puisque le syndicaliste en question se déplace en fauteuil roulant suite à une malformation génétique.

Cependant, l'idée de m'attaquer à une personne physiquement diminuée ne me réjouit pas, car si quelqu'un était témoin de la scène, je passerais alors pour un sadique doublé d'un lâche, or je n’ai aucune envie de ternir ma réputation au sein de l’entreprise. En effet, malgré les tentatives de déstabilisation et de dénigrement orchestrées par certains esprits malveillants, je jouis encore d’une certaine aura auprès de mes collaborateurs.

Néanmoins, renoncer à ce projet induirait nécessairement une mise à pied, voire un licenciement.

Faut-il que je m’exécute (au risque de passer pour un salaud) ou que je renonce (au risque de voir ma carrière fortement compromise) ?

 

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Le petit monde de Stephanus
  • Stephanus, le chaînon manquant entre Guy des Cars et Chimène Badi. Stephanus, ça se lit comme un bon Marc Lévy. Stephanus, c'est bon comme du bon pain, c'est plus authentique qu'un film de Guillaume Canet, et plus parfumé que la foune de Nadine Morano.
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