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Le petit monde de Stephanus
17 août 2012

Comportement inhumain de la part de mes ex-collègues. N’est-il pas honteux de traiter un homme de la sorte ?

Après avoir reçu la semaine dernière ma lettre de licenciement pour faute – prétendument – lourde, je suis passé ce matin à mon bureau pour un dernier au-revoir à mes collègues. J’avais, pour l’occasion, amené une petite caisse en plastique orange afin d’y entasser mes effets personnels, comme dans les films américains.

Lorsque je suis rentré dans le service, j’ai tout de suite remarqué que les regards se détournaient du mien, et qu’un silence pesant régnait sur le plateau paysager.

Lentement, j’ai progressé vers mon bureau dans le but de récupérer mes affaires. Au passage j’ai pu remarquer les yeux embués de nombre de mes anciennes collaboratrices, qui semblaient terriblement affectées par mon départ, mais qui arrivaient à contenir leur chagrin, s’efforçant dignement de ne pas laisser échapper le moindre sanglot de leur gorge nouée. À ces femmes belles et aimantes, à toutes ces créatures que j’aurais pu glisser dans mon lit en leur promettant de l’avancement, mais dont – par pur professionnalisme – je n’ai jamais tripoté le moindre téton, j’ai esquissé un petit geste de la main pour leur signifier que j’avais perçu leur douleur, que je la comprenais, mais que la vie continuait malgré tout.

Arrivé devant ce qui avait été mon bureau, j’ai découvert qu’une main indélicate y avait laissé une feuille de papier toilette rose, sur laquelle figurait une inscription manuscrite injurieuse à mon endroit : « au-revoir connard...».

Ce mot n’était bien entendu pas paraphé, mais comportait une signature très inhabituelle, en la présence d’une trace brunâtre semblant s’apparenter à de la matière fécale. Très gêné par la découverte de cette missive malodorante, je l’ai rangée rapidement dans la poche de mon veston en velours.

C’est alors que j’ai entendu un petit ricanement, qui s’est rapidement mué en une clameur d’hilarité provenant de différents emplacements du plateau.

Souhaitant quitter les lieux au plus vite, et face aux rires qui ne cessaient de croître en intensité, j’ai ouvert les tiroirs de mon petit meuble en bois d’acacia, pour constater avec amertume qu’ils avaient été vidés de tout mon matériel personnel, y compris des revues érotiques que je conservais précieusement sous clé, et qui m’avaient servi pendant de nombreuses années dans le cadre des séances de caresses que je m’octroyais tous les mardis midi dans les sanitaires du quatrième étage. Je ne vais pas le nier, je n’irai pas par quatre chemins, et à vous qui prenez le temps de me lire, je me devais de faire cet aveu : effectivement, je me pignolais une fois par semaine dans les water-closets de mon entreprise, en me délectant de photographies présentant de vulgaires blondes aux mamelles hypertrophiées. Mais rassurez-vous, j’entourais ces pratiques masturbatoires de toute l’hygiène et de la propreté nécessaires, allant jusqu’à essuyer la lunette des toilettes après mon passage, afin de ne laisser traîner aucun stigmate de cette honteuse activité.

En souvenir de ces plaisirs solitaires, je souhaitais récupérer ces revues « olé-olé », mais j’ai donc constaté que mes effets personnels avaient été subtilisés par une personne malveillante, que je soupçonne – et je pense que vous me comprendrez aisément – d’être d’origine libanaise.

Je n’avais plus grand chose à faire à mon ancien poste de travail, et j’ai préféré quitter les lieux aussi rapidement que possible. Il m’a fallu pour cela retraverser le plateau paysager, avec ma caisse en plastique désespérément vide, ce qui m’a semblé durer une éternité, d’autant que les rires n’avaient pas cessé et se faisaient de plus en plus moqueurs.

Lorsque je suis arrivé à une dizaine de mètres de la délivrance, ces rires se sont soudainement accompagnés d’instruments de musiques, et en tournant ma tête vers la droite, j’ai constaté que trois de mes anciens collègues étaient en train de jouer La Mère Michèle, qui à la flûte de pan, qui à l’harmonica, qui à la clarinette. Derrière eux, d’autres personnes se jetaient des cotillons à la figure, comme pour fêter mon départ.

J’ai alors poussé la porte de la délivrance, et j’ai quitté l’immeuble au plus vite, la gorge nouée par le chagrin et la honte.

Comment expliquer autant de méchanceté à mon encontre, moi qui me suis toujours – pardonnez-moi l’expression – « défoncé le cul » pour assurer pérennité et santé financière de l’entreprise ?

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Le petit monde de Stephanus
  • Stephanus, le chaînon manquant entre Guy des Cars et Chimène Badi. Stephanus, ça se lit comme un bon Marc Lévy. Stephanus, c'est bon comme du bon pain, c'est plus authentique qu'un film de Guillaume Canet, et plus parfumé que la foune de Nadine Morano.
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