Besoin d'assistance pour préparer mon déménagement. Puis-je solliciter ces individus ?

Ne désespérant pas de réussir à trouver un appartement à louer au Mans (72), j’ai dans l’idée qu’il va falloir que je prépare minutieusement les détails logistiques liés à mon futur déménagement dans la cité des Papes, et je me suis donc fixé comme objectif de commencer à faire mes cartons et à démonter mes meubles d'ici la fin de la semaine.

Cependant, il s'agit du genre de tâches ingrates dont j’ai horreur. Vous me connaissez parfaitement dorénavant et vous savez donc que je suis un cérébral plutôt qu'un manuel. Je ne suis pas de cette race d'homme qui « prennent leur pied » en bricolant une étagère ou en taillant les haies. Non, je suis plutôt le ténébreux homme de lettres qui a lu toutes les œuvres de Guillaume Musso, le mélomane qui se délecte d'un bon vieil album d’André Rieu, l'esthète qui passerait des heures à admirer une belle femme dénudée, le cinéphile qui prend plaisir à voir et revoir les films de Mel Gibson.

En conséquence, autant vous dire que l'idée de devoir préparer mon déménagement me répugne à peu près autant que la perspective d’une partie fine en compagnie de William Leymergie et de sa bande de chroniqueurs.

J'ai donc pris la décision de me faire assister pour cette dure épreuve, mais après avoir réfléchi pendant quelques heures, je n'ai pas vraiment réussi à trouver une personne de confiance à qui je pourrais – en quelque sorte – « sous-traiter » ce boulot. Notez de surcroît que je ne suis pas enclin à échanger ce service contre une rémunération mirobolante, car je pense qu’en cette époque trouble où l’individualisme prend le pas sur le partage et la générosité, il est plus que jamais nécessaire de s’entraider bénévolement, comme le font chaque année ces artistes qui participent à la tournée des Enculés dont les recettes sont directement versées aux Restaurants du Cœur, ce qui assure au passage aux artistes susnommés une belle promotion et un rebond dans leur carrière qui bien souvent périclite. C’est ce qu’on appelle trivialement et de manière imagée, allier l’utile (permettre à de pauvres hères de se sustenter) à l’agréable (permettre de renflouer son propre compte en banque pour partir en Patagonie).

Mais je m’égare dans des digressions qui ne vous préoccupent sans doute guère plus que la taille de ma pine, et je dois donc me recentrer sur le sujet qui m’intéresse plus particulièrement.

J’en reviens donc à mon déménagement, et à l’aide que je souhaiterais solliciter autour de moi pour préparer cette échéance pénible. Il est hors de question que je propose cela à mes parents, qui n'ont plus l'âge – ni la sobriété, en ce qui concerne mon père – de s'adonner à ce genre d'activités.

Mes sœurs trouveront à coup sûr une excuse pour ne pas me rendre ce service, car la plus jeune – quoi que sympathique – reste une sacrée feignasse, tandis que mon aîné me considère comme un raté, et a donc une fâcheuse tendance à m'éviter.

Mon frère habite trop loin pour me donner un coup de main. De plus, il a lui aussi une fâcheuse tendance à boire, et je n’ai vraiment pas envie de confier le soin de porter mon mobilier à cet alcoolique à l’haleine chargée de vin rouge, qu’il essaie vainement de masquer en suçant des Ricola verveine-citron.

Toutes les connaissances que j'ai essayé de joindre au téléphone ont a priori changé de numéro sans m'en avertir, sauf mon vieil ami Jean-Claude, lequel est toutefois dans l’impossibilité de m’aider puisqu’il est passe un séjour de deux semaines au Club Med de Tunis.

La solution serait donc de proposer cette tâche à des inconnus nécessiteux, et qui seraient ravis de pouvoir profiter de la chaleur de mon logis pendant quelques heures. J'ai remarqué depuis une quinzaine de jours qu'une dame (probablement d'origine moldave) fait la manche devant le bureau de tabac qui se trouve à côté de chez moi, accompagnée de ses deux enfants d'une douzaine d'années.

Serait-il choquant que je propose à cette dame d'enrôler ses deux marmots pendant le week-end, afin qu'ils préparent mes cartons et démontent mon mobilier ? Bien que n'ayant pas de poule dans mon appartement, n'y a-t-il pas un risque que les deux lardons me subtilisent au passage quelques effets personnels ? Auquel cas, ne serait-il pas plus prudent de fouiller les gamins avant de les faire sortir de mon appartement, une fois les travaux accomplis ? À cet effet, devrais-je envisager l’installation d’un portique de sécurité sur le pas de ma porte, à l’instar de ce qui se fait dans les supermarchés pour réduire le risque de larcin ?

Enfin, dans le cas où la mère serait d’accord pour ce petit prêt de main-d’œuvre, sera-t-il nécessaire de rémunérer les deux bambins ? Leur proposer de les amener à la pizzéria pour grignoter quelques succulentes victuailles (genre : un menu « bambino » pour deux) ne pourrait-il pas suffire ?