Élections municipales. Comment peaufiner au mieux un projet politique pour ma commune ?

Ma vie a connu de grands bouleversements depuis quelques jours, puisque j’habite désormais à une trentaine de kilomètres de mon lieu de travail.

Lassé de mon éternel statut de locataire, j’avais pris la décision, il y a quelques semaines de cela, de partir à la recherche d’une petite maison à acquérir dans la campagne sarthoise. Après avoir visité plusieurs biens à proximité immédiate du Mans (72), j’ai finalement craqué pour une magnifique maison de maître, sur la commune de Beaumont-sur-Sarthe (72), que j’ai acquis dernièrement pour la très modique somme de quatre cent vingt-cinq mille euros. Un véritable coup de cœur, doublé d’une affaire en or. Ancien manoir bâti sur trois étages, composé de cinq chambres, trois salles de bains, deux cuisines, deux buanderies, une salle de billard, un séjour double, un boudoir, trois lieux d’aisance, le tout sur un terrain de deux hectares comportant un petit bois et des écuries.

J’ai emménagé dans mes nouveaux appartements il y a environ deux semaines, et j’effectue donc dorénavant mon trajet domicile – travail en utilisant le Train Express Régional (TER), ce qui implique que je parte de chez moi très tôt, pour n’y rentrer qu’à des heures indues.

Au cours de ces voyages quotidiens, j’ai remarqué une adorable trentenaire qui effectue le trajet en même temps que moi matin et soir, et que j’aurais bien envie de séduire, dans le but – inavouable – de la besogner sauvagement, si possible par derrière.

Jeudi soir dernier j’ai donc suivi ma proie après que nous fûmes tous deux descendus du train, et j’ai pu constater avec satisfaction que la jeune beauté habite seule dans un petit appartement du centre-bourg situé à quelques encablures de ma propriété bourgeoise. En d’autres termes, la donzelle est visiblement célibataire, mais je sens que la mission s’avère longue, délicate, et qu’il me faudra donc agir avec subtilité. En effet, cette femme semble difficilement accessible. Regard sévère, teint blanc, moue boudeuse, tailleur strict mais néanmoins incroyablement sexy... La jeunette possède toutes les caractéristiques de ce que l’on nomme couramment « une beauté froide », a l’instar de Corinne Touzet, cette célèbre comédienne qui s’est illustrée dans les rôles de premier rang de nombreuses tragédies grecques.

Je pense qu’il va falloir être en mesure d’impressionner cette femme si je veux faire naître en elle le désir de me connaître jusqu’au bout du zob, et j’ai dans l’idée de me présenter aux prochaines élections municipales, afin d’être élu maire de la sympathique bourgade dans laquelle nous résidons.

Car je suis à peu près certain que, comme la plupart des femmes, celle-ci se laisserait tripoter par n’importe quel homme, pour peu qu’il soit en capacité de démontrer une certaine puissance sociale, qu’il s’agisse de puissance financière ou de pouvoir politique, la combinaison des deux étant de nature à vous ouvrir les portes des parties de jambes en l’air les plus débridées et les plus salaces, véritables feux d’artifice du sexe, où les gerbes de pétards scintillants sont remplacées par de gros jets de foutre et des fontaines de cyprine.

J’envisage donc de prendre part à la prochaine bataille électorale locale, pour laquelle il va donc me falloir élaborer un programme politique ambitieux et novateur.

Afin de me tenir au courant des préoccupations de mes futurs administrés, je me suis rendu le week-end dernier dans différents débits de boisson qui émaillent la rue principale de la ville, tendant l’oreille pour recueillir les doléances des uns et des autres, et notant scrupuleusement dans un petit calepin les sujets de conversation récurrents. Ainsi, j’ai pu me rendre compte que de nombreux habitants de Beaumont-sur-Sarthe (72) s’inquiètent notamment de l’insécurité ambiante, de la fainéantise des jeunes et de l’afflux massif de ressortissants extracommunautaires. En outre, une proportion non négligeable de sympathiques moustachus serait apparemment très favorable au rétablissement de la peine de mort.

Il m’apparaît évident qu’une des mesures phare de mon projet politique devra répondre à l’ensemble de ces appréhensions. En conséquence, je prévois de mettre au cœur de mon programme le rétablissement de la guillotine pour les chômeurs pakistanais de moins de dix-huit ans.

Cette lumineuse idée peut-elle m’aider à recueillir l’approbation d’une majorité de mes concitoyens, et à m’ouvrir les portes de la Mairie ? Faut-il que je sois encore plus sévère, en remplaçant la décapitation par la lapidation, de manière à obtenir le soutien de la frange la plus dure de l’électorat local ?