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Le petit monde de Stephanus
5 juillet 2011

Expérimentation scientifique dans le cadre d’une enquête. Où dénicher un sympathique canidé ?

J'ai passé le week-end chez Bruno, l'un de mes amis d'enfance, qui vient d'être licencié.

Autant vous dire que ces deux jours n'ont pas été une partie de plaisir, et que j'ai eu du mal à lui remonter le moral. J'ai tout essayé : nous sommes sortis au restaurant, nous avons visionné divers DVD (Digital Versatile Disc) d'humour caustique et désopilant (notamment le dernier spectacle de Michel Leeb ainsi que la trilogie Crocodile Dundee), nous avons joué à la Bonne Paye avec sa femme et ses enfants, mais rien n'y a fait.

C'est donc le cœur lourd et l'âme en peine que je suis rentré à Rennes (35) ce soir. Je devais passer chez mes parents pour récupérer Sam, mon épagneul breton, que je leur avais laissé en garde pour le week-end.

Quand je suis entré dans la maison, j'ai tout de suite senti qu'il s'était passé quelque chose, étant donné que je n'ai pas entendu les jappements joyeux de mon compagnon. Ma mère est arrivée en pleurs dans le vestibule, et a tenté de me dire quelque chose que je n'ai pas saisi, tant sa voix était secouée de sanglots. Papa nous a rejoints quelques secondes après, et m'a dit d'un air grave que Sam était tombé du deuxième étage et qu'il avait fallu le faire piquer « illico presto » (pour employer ses mots).

Secoué par cette triste nouvelle à laquelle j’ai eu du mal à croire, j'ai demandé à voir la dépouille de mon fidèle compagnon, mais mon père m'a affirmé l'avoir enterré dans le fond du jardin, sous le tas de vieux pneus (qu'il garde depuis des années « au cas où »).

Estomaqué, livide, sous le choc, je me suis rendu dans la cuisine pour me passer un peu d'eau sur le visage, et j'ai constaté qu'une bouteille de champagne était ostensiblement posée sur la table en formica. Mes parents, qui m'avaient suivi, ont aussitôt pris la bouteille, et l'ont mise au réfrigérateur d'un air gêné, ce qui m'a paru étrange.

Par la suite, j'ai entrouvert la poubelle à pédale pour y jeter le morceau de Sopalin avec lequel je venais de m'éponger le front, et c'est alors que j'ai remarqué la présence, au fond du sac, de plusieurs mouchoirs couverts de sang et de poils.

Sur le coup, je n'ai pas voulu imaginer le pire et j'ai pris congé de mes parents.

Mais depuis je doute.

Je ne comprends pas comment Sam a pu se retrouver sur le rebord d’une fenêtre, au deuxième étage du pavillon familial. En conséquence, je ne puis exclure que mon chien ait été victime d’un acte intentionnel dont le coupable pourrait être mon père (dont je tiens tout de même à vous informer qu'il a fait carrière dans l'armée de terre, l'engagement par excellence).

Il est fort possible que, par le biais de cet acte odieux, mon géniteur ait souhaité m'adresser un signal, voire un avertissement m’enjoignant de mettre fin à mes supposés penchants homosexuels.

J'ai parlé de mes doutes à Jean-Michel, mon plus ancien collègue de bureau, lui-même amoureux des canidés (et notamment des caniches). Il m'a dit que l'enquête nécessitait d'écarter toutes les hypothèses farfelues, et qu'il était indispensable de vérifier que Sam aurait pu être mortellement blessé consécutivement à une chute d'une hauteur équivalente à deux étages d'une maison pavillonnaire située dans la banlieue rennaise.

Pour conclure, il m'a conseillé de procéder à une reconstitution grandeur nature, à l’instar de ce qui se fait dans le cadre des grandes enquêtes criminelles.

Il faudrait donc que je puisse lâcher un chien dans le vide, avec un point de largage situé à environ six mètres du point d'atterrissage, la distance étant strictement mesurée dans un plan vertical. Problème : il faut dénicher un chien de la corpulence de Sam, et cela ne se trouve pas « sous le sabot d'un cheval ».

Je me suis dit que la meilleure solution était probablement d'en commander un à la Société Protectrice des Animaux (SPA), mais il me faudrait absolument un chien un peu malade, voire condamné par un mal incurable, car l'idée de jeter dans le vide un animal en pleine santé me fait froid dans le dos.

Pour information, Sam avait le poil roux, et pesait ses trente-deux livres bien tassées.

Où pourrais-je trouver un canidé qui répondrait à ces critères anatomiques et physiologiques ?

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Le petit monde de Stephanus
  • Stephanus, le chaînon manquant entre Guy des Cars et Chimène Badi. Stephanus, ça se lit comme un bon Marc Lévy. Stephanus, c'est bon comme du bon pain, c'est plus authentique qu'un film de Guillaume Canet, et plus parfumé que la foune de Nadine Morano.
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